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  Extrait du Journal : La Revue Thermale d'Aulus
du Dimanche 19 septembre 1877

 Causerie Aulusienne

Une rectification Historique


     Nous avons raconté au début de nos Causerie Aulusienne, sur la foi du docteur Bordes-Pagès, que les sources d'Aulus avaient été découvertes en 1823 par le lieutenant Darmagnac. Une chose est hors de conteste, c'est que la cure miraculeuse de ce dernier a été le point de départ de la renommée de nos eaux minérales. Mais nombre d'habitants du village, qui furent témoins de cet évènement, racontent les choses d'une façon toute différente. D'après leurs dires, c'est la vieille prophétesse ma bouno qui aurait conseillé la source au lieutenant Darmagnac, et elle-même connaissait ses priorités d'après les indications d'un ancien officier de santé nommé Lacrampe. Voici les renseignements que nous avons recueillis à ce sujet.

     Ce Lacrampe, originaire de Lourdes, avait longtemps voyagé avant de se fixer à Aulus où sa famille réside encore. Après avoir visité l'Amérique du Nord, il servit comme aide chirurgien ou comme infirmier dans les armées françaises, et acquit, soit par ses voyages, soit par ses fonctions de frater, quelques connaissances en médecine. Dès son arrivée à Aulus, il reconnut facilement, au dépôt ocreux qui tapissait le fond des sources, qu'il avait devant lui une eau minérale. Il la goûta a diverses reprises afin de s'assurer de ses propriétés, et trouva que son action était beaucoup plus énergique que celle des autres sources qu'il avait rencontrées ailleurs. Inutile d'ajouter qu'il ne put convaincre personne à ce sujet, bien que les gens du village allassent le consulter en l'absence de tout autre médecin.

     Cependant une femme d'un certain âge, nommée Jouanno grosso ( la grosse Jeanne ), atteinte de quelque infirmité dont elle ne pouvait guérir par des traitements ordinaires, écouta les conseils de Lacrampe, fit usage de l'eau de la source et parvint à se débarrasser de son mal. Rencontrant un jour, sur la passerelle du village, le Lieutenant Darmagnac, qui portait sur sa figure les traces de sa maladie, elle l'arrêta pour lui dire, avec la franchise propre aux montagnards, qu'elle connaissait une fontaine dont l'eau avait des propriétés merveilleuses, et quelle se faisait forte de le guérir s'il voulait la suivre, et elle le conduisit de ce pas dans la prairie où jaillissaient les eaux minérales.

     Chaque fois que Jouano grosso et le lieutenant se rencontraient, ils ne manquaient pas d'échanger quelques mots sur leur fontaine de Jouvence, et ce dernier, ne connaissant pas le nom de son interlocutrice, ou le trouvant trop long à prononcer, l'appelait simplement ma bonne, qui est resté dans le souvenir des habitants d'Aulus. De là vient le surnom de ma Bouno, qui est resté dans le souvenir des habitants du village. Cette dernière circonstance plaide fortement en faveur de ceux qui regardent ma Bouno et Lacrampe comme les précurseurs du lieutenant Darmagnac dans l'historique de la découverte de nos sources.

     Un second fait, que nous allons raconter, donne un nouveau poids à cette manière de voir.

***

     Tous les étrangers qui fréquentent Aulus connaissent, au moins de vue, le vieux pêcheur Salaouet qui, depuis plus d'un demi-siècle, alimente de truites les hôtels et les auberges du village. En 1823,il travaillait comme tailleur à Auzat, dans la vallée de Vicdessos, et c'est dans cette vallée que se trouvait le bataillon du 4 e de ligne dont faisait partie le détachement cantonné à Aulus.

     Le lieutenant Darmagnac étant venu après sa guérison voir les camarades qu'il avait laissés à Auzat, ceux-ci de le complimenter aussitôt sur la bonne mine et la santé qu'il venait de recouvrir.

     La conversation avait lieu dans la salle d'auberge où se trouvait Salaouet. Ce dernier, entendant le lieutenant parler d'une vieille femme qui lui avait indiqué une source d'eau minérale, désira connaitre cette femme providentielle et lui demanda son nom. Darmagnac, ne pouvant répondre à cette question, puisqu'il ne l'avait jamais appelée que ma bonne, essaya de tracer son portrait. "C'est une femme d'un certain âge, portant le costume de la vallée de Massat, fortement charpentée, avec un peu de barbe et quelques poils aux moustaches." Salaouet reconnut facilement Jouano grosso à cette description, et, à son retour à Aulus, les habitants du village lui répétèrent ce que lui avait appris le lieutenant.

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