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II Les lacs et les rivières de la vallée : les fruits de l'ancien glacier.

        5 Un exemple de lac de montagne : l'étang de Labant .

Un étang de montagne entouré par une tourbière           Nous allons voir maintenant la vie autour d'un milieu fermé : l'étang de Labant. Il est de petite taille et peu profond, et il est entouré par des zones tourbeuses dont nous allons parler maintenant. 

      Une tourbière se forme dans des conditions particulières : il faut un climat froid et pluvieux. Il existe plusieurs sortes de tourbières, mais dans le cas qui nous intéresse, elle est alimentée seulement par les eaux de pluies qui sont peu minéralisées, ce qui rend le milieu acide.

L'étang de Labant

        Une tourbière est le résultat de l'évolution d'une dépression où l'eau stagne et la matière végétale se minéralise lentement : la décomposition des végétaux morts ne se produisant pas dans des eaux acides. Ainsi, les débris de végétaux s'accumulent au fond et forment la tourbe à l'abri de l'air. Les substances nutritives restent, comme les débris, dans le limon de l'étang et ne participent pas au cycle vital. Par conséquent, le sol manque principalement d'azote, qui est indispensable à la croissance des plantes.

        Pour remédier à ce problème deux plantes vont avoir une solution originale : elles vont capturer les insectes pour digérer la matière azotée nécessaire. Ces deux plantes que l'on retrouve autour de l'étang sont la Grassette ( Pinguicula vulgaris ) et la Drosera ( Drosera rotundifolia ).

      

Grassette fleur

Droséra

Grassette fleur et feuilles

Narthécium

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  Comme la quasi-totalité des fleurs de montagne, la Grassette est vivace. Elle vit dans des milieux très humides : abords de sources, dans des crevasses de rochers d'où l'eau suinte, et les tourbières. Elle fait partie des espèces de plantes pionnières : elle colonise des endroits où l'humus est absent et va produire progressivement assez de biomasse pour que d'autres plantes puissent s'installer après elle.

        Comme les autres plantes, la grassette puise par ses racines l'eau et quelques nutriments dans le sol. Mais elle va combler les carences du milieu dans lequel elle est installée, en utilisant ses feuilles. C'est grâce à des poils microscopiques enduits d'un vernis gluant et visqueux, que les insectes vont être dans un premier temps capturés. Ensuite, cette substance qui est un enzyme ( Pepsine ), va digérer les proies et compléter l'alimentation de la plante. Il lui faut quelques jours pour digérer les protéines et les albumines ( matière organique azotée ) des insectes. Durant la digestion, la plante laisse ses feuilles ouvertes, le vernis suffit à capturer les petits insectes attirés par la couleur verdâtre et par la brillance de ces surfaces piégées.

        "Du fait que la grassette vit d'une nourriture foliaire, cela explique qu'elle continue sa vie au-delà de la mort de sa fleur"(8). Elle souffre d'un soleil trop brûlant et s'installe sur des pentes exposées vers des zones rapidement à l'ombre.

        Pour la drosera c'est le même processus qui conditionne son mode de vie, à quelques détails près. Elle possède un système de capture plus complexe : la drosera a autour de ses feuilles des tentacules rouge hérissé qui vont se refermer sur les insectes. Ainsi elle peut attraper de plus gros insectes que la grassette. Il va lui falloir une heure pour englober la proie, alors qu'en même temps la substance adhésive va boucher les orifices respiratoires des insectes qui meurent étouffés. Quant la plante a terminé sa digestion, au bout de quelques jours, elle va réouvrir sa feuille et rejeter les restes inassimilables.

        La drosera reste, malgré sa technique de capture plus évoluée, moins présente que la grassette que l'on trouve dans tous les coins humides et propices des vallées au-dessus d'Aulus.

Plante de milieu humide           Les tourbières abritent d'autres plantes telles que les Linaigrettes ou encore des Orchidées. Son processus, la turbification, se poursuit tant que les conditions sont favorables. Cela peut durer 2 millions d'années ( cratère de Senèze dans le Puy de Dôme ) mais dans notre cas, comme dans la plupart, ce phénomène dure depuis le retrait des derniers glaciers ( soit environ 15000 ans ). 

         L'évolution de l'étang de Labant est représentative de l'évolution des étangs de la 

Linaigrette

vallée, qui à très long terme auront la même destinée : ils devraient être comblés petit à petit, puis transformés en tourbières si aucun grand changement géologique ou climatique ne survient pas bouleverser la région d'ici quelques milliers d'années.

 

Notes :

( 8 ) : NICOL Antonin : Une fleur carnivore des Pyrénées, la Grassette, Pyrénées n°142, 1985. Bibliothèque du Haut-Salat, Seix. Retour texte

Entretien :

        M GAYOU Francis : Ingénieur au Conseil Supérieur de la Pêche ( 34 bld Riquet 31000 Toulouse ), entretient du 26 novembre 1998.

 

Bibliographie :

 

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