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I Les Forges de la vallée du Garbet.

         1 Les différents types de forges :

                Sur la vallée, deux types de forges ont été utilisées : la Mouline ou Moulin à Fer dont la période va du XIIIème à la fin du XVIIème siècle, et la Forge à la Catalane de 1680, pour les premières, à 1884, pour les deux dernières de l’Ariège.

        On a peu de renseignements sur les Moulines, on sait que c’est à partir de 1300 que le principe se développe : utilisation de la force hydraulique, qui animait déjà les moulins classiques, pour actionner le marteau. Les évolutions techniques suivantes vont donner les forges à la Catalane : dés 1680 avec l’ajout de la Trompe des Pyrénées, système génois repris et amélioré, qui va actionner, encore une fois grâce à la force hydraulique, la soufflerie de la forge.

      Regardons plus en détail le fonctionnement d’une forge, pour cela nous allons prendre le cas d’une forge à la Catalane. C’est un " établissement de production de fer. La méthode à la Catalane permet, dans un bas fourneau, d’obtenir directement du fer "(1) à partir de minerai, " sans passer par l’intermédiaire de la fonte comme dans les hauts fourneaux "(1).

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Carte des Forges dans les Pyrénées

        Une forge est composée d’un canal qui va amener l’eau dans un grand bassin, pour la retenir et la distribuer au mécanisme du marteau ( le Mail ) et de la soufflerie par des  coursiers de bois. Le bâtiment est partagé en plusieurs zones ou parties : la réserve de charbon, le magasin de fer, une petite pièce où se reposent à tour de rôle les forgeurs, et le laboratoire qui est la partie réservée au travail.

        Le travail de la forge est organisé autour de 8 personnes, une brigade. Une équipe de quatre hommes se repose pendant que l’autre travaille, la brigade se trouvant au complet au moment de la sortie incandescente du massé.

        Le Foyé, premier maître ou chef de brigade, monte, entretient et charge le creuset. Il est secondé par un valet, un Pique Mine, qui broie le minerai " en morceaux qui n’excèdent pas la grosseur d’une noix "(2) dans le bocard de la forge, apporte et trie le charbon. Ils placent dans le creuset, 450 kg de minerai de fer et 400 kg de charbon de bois. Pour ce dernier, il existe deux catégories utilisées : du charbon dur ou fort ( bois de hêtre et de chêne ) qui brûle avec peu de flammes même sous l’action d’une ventilation soutenue, le charbon doux ou léger ( bois de bouleau, pin, sapin, châtaignier, noisetier ) fait plus de flammes et brûle plus rapidement. La proportion pour leur utilisation est de 2/3 de fort pour 1/3 de doux (3). Quant le creuset est près c’est au tour de l’escolas d’intervenir.

        Les Escolassont les véritables fondeurs de ces forges "(4). Ils sont aidés par un valet chacun, les Miailhous. Leur travail consiste, pendant les 6 h nécessaires, à surveiller la transformation ( réduction ) du minerai de fer en métal : "l’escolas qui attaque le feu, saisit la Palenque de 50 kg, examine la flamme, soude le massé, fait avancer le minerai, tasse le charbon "(5). C’est pendant cette opération qu’ils se servent de la soufflerie, la Trompe des Pyrénées, pour alimenter le feu dans le creuset. Le résultat de ce travail est le  Massé  de 150 kg à 200 kg, c’est une Loupe de métal de fer entourée d’impuretés ( scories ) : il faut l’extraire du creuset et le déplacer à coté du marteau mécanique pour la troisième étape, le cinglage, dirigée par le mailhé. 

Carte des forges de l'Ariège

         Le Mailhé, maître forgeur, dirige les manœuvres autour du Mail, il dirige le travail mécanique du fer. Le Massé " est d’abord battu par les valets à l’aide de gros marteaux à main…On le conduit ainsi sur l’enclume…on donne l’eau à la roue et le marteau commence à aplatir… "(6). Ensuite le mailhé fait découper le massé : " On pose … le Taillant de fer que l’escola tient par la queue…Cette espèce de coin, chassé par le marteau…a bientôt fait dans le massé une entaille considérable…et quelques coups suffisent pour séparer le massé en deux parts ( Massoques )… ( cette Massoque ) placée en travers de l’enclume et recoupée à l’aide du taillant…en Massouquettes "(6). Le Pique-mine peut alors étirer en barres les 4 pièces obtenues, sous la direction du Maillé.
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        Le Maître de Forge est le propriétaire de la forge, " ils sont les notables du Département "(7). Il a un homme de confiance le Garde Forge, qui est chargé de surveiller l’approvisionnement en minerai et en charbon. Il est secondé par un commis qui est aussi chargé de surveiller et s’occupe des commandes et de la vente du fer.

        C’est donc une dizaine de personnes qui travaillent à la forge, alors que 30 à 100 personnes ont une activité autour d’elle : charbonniers, coupeurs de bois, transporteurs de charbon, de minerai de fer, de fer produit, etc…(8)

        La forge fonctionne jour et nuit, 6 jours par semaine. Grâce au 4 feux par jour, elle produit 600 kg de fer, soit plus d’une tonne en une semaine ( en 1884 les hauts fourneaux de Tarascon produisaient 3 tonnes de Fonte par jour ). Mais la forge est soumise à de nombreux facteurs qui provoquent des périodes d’inactivité irrégulières : manque en charbon, étiage des cours d’eau, gel des canaux d’arrivée de l’eau et des trous d’aspiration de la trompe ( avec risque d’explosion )(9), conflits entre propriétaire et ouvriers pour les salaires, etc ...

 

Bibliographie et  Notes : 

 

 

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Dessin de Fond : Ouvriers tirant le Massé

Dessin extrait de : Richard, Étude de l'art d'extraire immédiatement le fer de ses minerais, Atlas, Planche 1, figure 2, 1838 ( Bibliothèque Nationale ).

 

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